Sortie de pandémie et retour de la demande… le cas de la Chine
30/04/2020
Des prix à la production en territoire négatif, entraînés par la perte de pouvoir d'achat et une demande mondiale sinistrée.
Les usines chinoises rouvrent progressivement leurs portes et en mars la production industrielle n’a baissé que de 1,1% sur un an après une chute de plus de 13% à la fin février.
Si du côté de l’offre, l’activité se remet en place, du côté de la demande, le compte n’y est pas. Les mesures de distanciation sociale en sont une probable explication. Mais plus encore, la chute de plus 15,8 % des ventes au détail tient avant tout à la perte de pouvoir d’achat des ménages durant la crise. Perte de travail, perte de salaires ont conduit à une baisse du revenu réel de 3,9% et à une baisse de la consommation. Ainsi les ventes de détail ont décroché de près de 16% sur un an en mars. Ce nouveau déséquilibre n’est pas sans conséquence sur l’évolution des prix. Dans un premier temps, et pour des raisons qui ne tiennent pas à la seule Chine, la chute du prix du pétrole alimente une vague baissière sur tous les indices. Mais elle n’est qu’une partie de l’explication. Le prix des biens alimentaires est lui aussi en repli après une période de fortes tensions consécutive à la crise porcine. A ce jour, l’indice sous-jacent, qui ne tient pas compte de ces deux éléments volatils, est resté stable mais de nombreux indicateurs avancés marquent le pas. Ainsi, les prix du textile et des produits courants de la maison sont déjà en repli.
Plus en amont, les prix à la production sont repartis en territoire négatif. Ce mouvement est particulièrement visible dans les secteurs en début de chaîne de production sensibles à des prix d’importations qui ont eux- mêmes déclinés. Ainsi en est-il du pétrole mais aussi du minerai de fer et de ses dérivés, des matières plastiques, des circuits électroniques …. Et comme en 2015, cette pression baissière, signe visible d’un excès d’offre, affecte les marges des entreprises. Leurs profits ont chuté de plus de 39% à la fin février 2020. Ce mouvement restera probablement à l’œuvre au cours des prochains mois.
Ces pressions déflationnistes sont d’autant plus vigoureuses que la demande mondiale reste elle aussi sinistrée. Les prix des produits chinois à l’export sont restés stables tout au long de l’année 2019. Mais si cet environnement persiste, les entreprises vont être contraintes de rogner un peu plus sur des marges déjà comprimées. Aujourd’hui, elles semblent encore en mesure de maintenir la stabilité de leur prix à l’exportation, évitant que ces forces baissières ne se diffusent au reste du monde. A court terme, le risque est réel, car il est probable que partout dans le déconfinement, la production se réorganise plus rapidement que la demande. C’est pourquoi, étonnamment, le déversement de liquidités par les banques centrales qui devrait laisser craindre un dérapage de l’inflation, n’est pas un sujet d’actualité. C’est plutôt le risque opposé qu’elles ont en ligne de mire aujourd’hui, et qui les conduit à pousser les limites de leurs actions monétaires. Quand l’inflation se présentera à nouveau, elles auront le temps et toute la marge de manœuvre pour ajuster leurs instruments.
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