Mécanisme Européen de Stabilité et coronabonds : deux étapes pour un rebond
09/04/2020
L'actualité de l'économie et de la finance
Depuis quelques jours déjà, les Coronabonds stigmatisent nombre des ressentiments que les pays du Sud ont pu accumuler à l’égard de ceux du Nord. Et si la question de cette pandémie a bien un caractère mondial et à fortiori européen, s’arc-bouter sur celle des eurobonds, c’est d’abord occulter tout ce qui a déjà été mis en oeuvre en un temps record pour répondre à cet évènement inédit et brutal. C’est peut-être aussi prendre le risque de gâcher un projet qui s’inscrit dans la durée et non pas dans l’urgence des décisions indispensables pour contrer les risques qui s’accumulent.
Depuis début février, la liste des mesures mises en place pour affronter ce défi ne cesse de s’allonger. Malgré une timide réponse au début de la crise, la BCE a rapidement réarmé les dispositifs actionnées pendant la crise de 2008 : rachat de créances sur des durées longues, rachat de dettes souveraines principalement et dans un cadre spécifique à la crise du Covid 19. Ainsi le « Pandemic Emergency Program » lui permet de faire fi des règles d’équi-pondération de ses rachats pour soutenir les pays les plus durement touchés par la pandémie et où s’immiscent des doutes sur la capacité de leurs Etats à assurer la solvabilité de leurs engagements. A ce titre, la BCE est à la manoeuvre.
Les Etats, les uns après les autres, égrènent leurs plans d’action nationale. D’une part sous la forme d’allégements de coûts transitoires avec report de charges fiscales ou sociales ou prise en charge des salariés en chômage technique comme ce fut le cas, avec succès, en Allemagne pendant la crise de 2009. D’autre part, en garantissant des lignes de trésorerie bancaire dont les entreprises pourraient avoir besoin face à l’épidémie. Les plans d’aide directe vont de 1,4% du PIB pour l’Espagne à 3,9% pour l’Allemagne, la France se situant dans une position intermédiaire avec un peu moins de 2%. La Commission Européenne a dans ce sens lever les contraintes sur les niveaux de déficits publics.
Le Mécanisme Européen de Stabilité créé par les pays de l’UEM en septembre 2012 afin de venir en aide aux pays de l’Union en difficulté pourrait à nouveau être activé. Il s’agit ici d’aides individuelles sous conditionnalité de réformes qui pourraient toutefois être allégées dans le contexte actuel. Doté de plus de 410 Mds €, le fonds peut ouvrir rapidement des lignes de crédit. Il reste à l’initiative individuelle de l’emprunteur sous réserve d’acceptation du MES et de la BCE.
Les obligations européennes, aujourd’hui « coronabonds » mais il y a peu encore « obligations vertes » ou euro bonds tout simplement, seraient sans aucun doute l’ultime outil d’une gestion optimale de la zone euro. Il soulagerait la BCE de ses interventions acrobatiques sur les marchés, il donnerait une visibilité à la politique de l’Union. Le marché des eurobonds bénéficierait de la profondeur nécessaire pour une diversification dans les portefeuilles des épargnants mais aussi des investisseurs internationaux. Il s’imposerait comme l’actif sans risque d’une Union de plus de 12 000 Mds€ de PIB et de 341 Millions d’habitants.
Malgré les indéniables atouts de cette proposition ambitieuse, sa réalisation paraît encore peu probable. L’urgence des décisions à mettre en oeuvre et l’impréparation des Etats à mutualiser une dette à un moment où, à nouveau émergent des risques individuels, vont probablement se traduire par un nouveau report de sa création… mais un report seulement. En attendant la Commission européenne prépare un fonds de soutien à l’emploi et la Banque Européenne d’investissement s’invite pour soutenir les PME.
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