Pandémie, inégalités et marchés financiers
15/05/2020
La pandémie qui fait toujours l’objet de toutes les attentions, s’infiltre dans tous les thèmes, qu’ils soient d’ordre sanitaire et social, sociétal, économique et même financier.
Et il en est de même des inégalités qui émergent. En même temps que le virus s’immisce indistinctement dans toutes les régions du monde, il répand la contagion à des rythmes qui différent d’un pays à l’autre, ou même au sein des régions d’un pays. C’est le cas en Europe où il a été dévastateur en Italie du nord surtout et dans la région de Madrid en Espagne, dans l’est de la France et en Ile de France, à New York et en Louisiane plus qu’en Floride aux Etats-Unis, plutôt moins à ce jour en Afrique qu’en Asie, même si dans cette dernière région aussi la propagation et la gestion ont été inégales. De multiples raisons peuvent expliquer ce constat, à commencer par la prise en charge sanitaire de l’épidémie mais pas seulement. Le confinement n’est pas non plus l’unique explication qui préside à ces disparités. Des facteurs démographiques, climatiques, de mode et de niveau de vie s’additionnent pour renforcer ces inégalités.
Sur les marchés financiers aussi, la Covid fait oeuvre de distanciation. Ainsi aux Etats-Unis, Le Nasdaq, comme tous les autres marchés, a subi l’effet de panique consécutif aux premières alertes sur cette maladie. Il a rapidement bénéficié, dans un second temps, de l’avantage de concentrer des valeurs représentatives d’une économie virtuelle où la distanciation n’est pas Covid incompatible, bien au contraire. Les Apple, Google et autres Facebook ont récupéré une part de l’activité qui ne pouvait plus être menée en présentiel. Le Nasdaq a finalement bénéficié de cet attrait, rattrapant en quelques semaines le chemin perdu au début de la crise. Le S&P 500, pour sa part, a, comme d’autres indices plus diversifiés, encaissé les inquiétudes sur le secteur bancaire, la baisse du prix des matières premières, la mise à l’arrêt des activités dans la grande distribution l’industrie aéronautique et automobile. Et si le secteur de la pharmacie a pu tirer son épingle du jeu, les allers et retours sur les traitements ou les vaccins contre le virus alimentent une forte dose de volatilité. En Europe, la dispersion sur les marchés actions est également visible. La meilleure gestion de la Covid aurait pourtant dû jouer en faveur de cette région. Et pourtant, d’une part, les performances globales sont loin de celles des marchés américains, d’autre part, elles se distinguent d’une place boursière à l’autre dans la zone. Ainsi, l’indice phare du marché allemand récupère-t-il plus rapidement le décrochage consécutif au choc de la pandémie. Il a déjà rebondi de près de 22% depuis le point bas de la mi-mars, dépassant de loin les indices du Sud de l’Europe, 14% pour le CAC 40, 10% et 6% respectivement pour les places italienne et espagnole. La gestion fédérale de la crise de la Covid a dans un premier temps rassuré. Mais, la composition des indices et l’exposition sectorielle de l’économie favorisent la place allemande, lui offrant une meilleure capacité de rebond : quelques belles valeurs technologiques, des pharmaceutiques de poids et peu de bancaires suffisent à faire la différence avec un indice parisien plus exposé à des secteurs, luxe, banque, pétrole et grande distribution, plombés par le contexte de confinement imposé. Le rush des investisseurs sur la dette souveraine allemande, en dépit de son rendement négatif et des dérapages attendus des finances publiques, alimente un même souci de sécurité et de visibilité en faveur d’une meilleure maitrise du choc et plus encore d’une capacité de soutien post crise plus importante.
Le marché de la dette souveraine italienne au contraire a été à plusieurs reprises secoué de tensions : la situation sanitaire particulièrement dégradée a contribué à ces secousses mais elles proviennent sans aucun doute aussi des risques sur une économie déjà très endettée dont la marge budgétaire est contrainte par une dette déjà élevée et capacité de rebond limitée.
La Covid ne connait pas de frontières et elle exacerbe les inégalités existantes. Les évolutions des indices boursiers et des obligataires n’y font pas exception. Et les écarts de performances ne font que mettre un peu plus en exergue les capacités des uns et les fragilités des autres face à ce choc exceptionnel.
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