Accueil > Nos actualités > Coronavirus & marchés
Flash Marchés

Coronavirus & marchés

28/02/2020

Gros coup de froid sur les marchés ! Tant qu’elle n’était cantonnée qu’à la Chine, l’épidémie de coronavirus n’avait visiblement inquiété les investisseurs que de manière modérée et ponctuelle.

Après un creux de -4% environ fin janvier, les principaux indices étaient ensuite bien vite repartis à l’assaut de nouveaux plus hauts historiques. Mais l’annonce de foyers significatifs en dehors de Chine (Corée du Sud, Japon, Iran, Italie, etc.) ainsi que les perturbations provoquées par les mesures de confinement sur les chaînes de production ont fini par raviver l’aversion pour le risque. Les indices actions ont ainsi chuté quasiment en ligne droite de plus de 12% depuis le milieu de la semaine dernière ! Le crédit est également chahuté (en particulier les souches high yield) et le pétrole est retombé à ses plus bas niveaux depuis décembre 2018, tandis que les emprunts d’Etats et l’or ont servi de valeurs refuges. Le taux à 10 ans américain a même atteint un nouveau plancher historique à moins de 1.20% ! Une façon comme une autre de mettre la pression sur la FED, dont les taux directeurs évoluent encore dans la fourchette [1.50%-1.75%].

Sur le plan purement sanitaire, cette épidémie apparaît – pour l’instant – comme relativement contenue : sur l’ensemble du globe, un peu plus de 83.000 personnes contaminées – selon les données officielles à ce jour – et un peu moins de 3.000 décès. Un taux de mortalité qui n’est pas négligeable, mais tout de même assez éloigné – il faut le noter – de celui du SRAS en 2003 (presque 10%) ou de la grippe aviaire (environ 60% !), même si, dans ces deux cas, le nombre de personnes touchées à l’échelle de la planète était bien moindre. En Chine, si l’on en croit les chiffres officiels, le nombre de nouveaux cas ralentit sensiblement depuis quelques jours, semblant indiquer que les mesures drastiques prises par les autorités ont porté leurs fruits. Mais, naturellement, pour les pays européens ou ceux du continent américain, personne n’est dupe sur le fait que cette épidémie n’en est qu’à ses débuts.

Il ne faut pas se leurrer : si les marchés (sur)réagissent depuis une semaine, ce n’est pas tant par rapport à l’aspect sanitaire que pour des raisons beaucoup plus matérielles. Rappelons tout de même que les plus de 200.000 morts ainsi que les dégâts considérables causés par le tsunami en 2004 avaient à peine fait sourciller les grandes places financières. Les indices plongent avant tout pour deux raisons :

  • Premièrement, cette épidémie génère de l’incertitude à un moment où l’économie et les entreprises étaient en train de panser leurs plaies après la guerre commerciale que se sont livrés Washington et Pékin ces 18 derniers mois. Entre les consommateurs qui risquent de renoncer temporairement à fréquenter les lieux publics (magasins, aéroports, hôtels, etc.), les salariés qui pourraient rester coincés chez eux en application d’un principe de précaution et les échanges commerciaux pénalisés par les restrictions imposées par les autorités sur les déplacements transfrontaliers, il ne fait absolument aucun doute que l’activité économique mondiale va subir un contrecoup au cours du 1er trimestre. Les deux questions qui turlupinent les experts portent donc sur l’ampleur et la durée de cette crise économico-sanitaire. A ce jeu-là, plusieurs entreprises ont tenté de se livrer à une estimation de l’impact du virus sur leur activité. A titre d’exemple, Air France, pénalisée par le ralentissement du trafic aérien, a estimé il y a quelques jours un manque à gagner de 150 à 200 millions d’euros pour la période allant de février à avril. Un chiffre certes important, et qui pourrait évidemment être revu à la hausse si la situation venait à s’aggraver, mais qui paraît tout de même mesuré par rapport au 1.2 milliard d’euros de capitalisation boursière partis en fumée sur le titre en l’espace de 10 jours !
  • Deuxièmement, dans un monde de taux bas voire négatifs, des investisseurs (notamment les incontournables ‘hedge funds’) ont souhaité augmenter leurs effets de levier sur les marchés afin de compenser la baisse des rendements. Or, tel un phénomène auto-entretenu, lorsque les marchés s’inquiètent et que les indices baissent, ces spéculateurs se retrouvent contraints de liquider rapidement une partie de leurs positions, et ce sans tenir aucunement compte de la valorisation des actifs qu’ils cèdent, ce qui entraîne les indices un peu plus dans le rouge.

Face à un tel évènement, il faut savoir faire preuve de prudence mais aussi d’objectivité. A l’adage boursier « on n’essaie pas d’attraper un couteau qui tombe », qui invite à attendre que le calme soit revenu sur les marchés avant de réinvestir, on serait tenté d’opposer le dicton de Warren Buffet, gourou de la Bourse américaine : « Soyez craintifs quand les autres sont avides. Mais soyez gourmands quand les autres sont craintifs ».

Chez PROMEPAR AM, nous ne sommes pas des spéculateurs, mais des investisseurs professionnels avec une vision à moyen/long terme. Aussi, même si l’incertitude et l’inquiétude générées par l’épidémie de coronavirus sont fortes, nous tentons d’analyser les évènements avec le plus de rationalité possible. Or, en fonction des informations dont nous disposons, il nous semble que la chute observée sur les Bourses mondiales est excessivement violente. S’il ne fait guère de doute que de très nombreuses entreprises seront impactées directement ou indirectement par cette épidémie, nous restons convaincus que cette crise ne sera que passagère. Il nous semble, en effet, que les politiques monétaires accommodantes, une meilleure visibilité géopolitique et une consommation domestique solide (favorisée par des taux de chômage bas et/ou en baisse) constituent toujours la toile de fond principale pour 2020. A cause du virus, le redémarrage de l’économie mondiale sera probablement un peu plus tardif et un peu moins dynamique que ce que nous espérions en début d’année. En somme, probablement une reprise en U plutôt qu’en V. Mais, avec des indices qui ont décroché de -10% à -15% par rapport à leurs points hauts, nous estimons que les marchés intègrent déjà bien ce « retard à l’allumage ».

Aussi, tout en conservant une discipline très stricte dans l’analyse des valeurs, nous profitons de ce repli pour réinvestir progressivement sur les marchés, notamment afin d’intégrer dans nos portefeuilles des valeurs de grande qualité qui nous paraissaient cependant trop chères pour être achetées il y a de cela à peine 10 jours. Parfois, une correction a du bon.

Et comme un bon gérant se doit aussi d’être flexible, nous ne manquerons pas de faire évoluer notre position si jamais la situation venait à prendre une tournure beaucoup plus inquiétante. Ce qui n’est pas notre scénario pour l’instant.

Voir d'autres actualités

13/04/2024 La chronique de l'économie

Chine croissance et subventions

La Chine n’en finit pas de trainer les stigmates de la crise sanitaire sur son niveau d’activité. Et, si au premier trimestre 2024 elle affiche une croissance supérieure à 5,3% l’an après 5,2% sur 2023, cette performance est réalisée au prix d’un interventionnisme étatique renforcé. D’une part, l’Etat n’a pas hésité à déployer de nouveaux moyens en matière d’investissement. Ce dernier, en hausse de 7,8%, vient palier la piètre performance des initiatives privées dont la hausse est d’à peine 0,5%.

Lire l'article Télécharger l'article
05/04/2024 La chronique de l'économie

Le dérapage des finances publiques

Difficile d’échapper cette semaine au dérapage du déficit public français qui, sans être une réelle surprise, n’en fut pas moins une déception… À plusieurs titres d’ailleurs : le premier c’est évidemment son niveau 156,9 Mds € après 133 Mds€ en 2023 et moins de 68 Mds € en 2019. En ratio de PIB il s’élève à 5,6%.

Lire l'article Télécharger l'article
04/04/2024 Flash Info ISR

Avril 2024

Lire l'article Télécharger l'article