Est-ce le moment d'investir sur les marchés ?
24/03/2020
L'actualité de l'économie et de la finance !
Très chahutés depuis quelques temps, les marchés d’actions se sont un peu calmés (tout est relatif) en Europe la semaine dernière, avec l’aide des annonces de soutien, notamment de la part de la Banque Centrale Européenne et de sa nouvelle patronne (de choc) Mme Lagarde, qui s’engage sur un plan massif : 750 milliards d’euros, de rachats de titres obligataires, mais aussi de billets de trésorerie, ce qui est une nouveauté, à qui a besoin de liquidités. Et notamment aussi de la part des gouvernements, qui multiplient les mesures d’aides aux entreprises, aux salariés, voire aux ménages, mesures ponctuelles ou programmes de relances budgétaires. Tout ça, on s’en doute, pour éviter que l’interruption momentanée de nombre d’activités liée à l’épidémie ne dégénère en crise économique sévère.
Toutefois, la baisse de tous les marchés depuis le 6 mars semble inédite tant par son ampleur et sa rapidité (-30% et plus en 10 bourses, c’est beaucoup), que par sa volatilité,qui a plus que triplé en deux mois, et ceci est aussi un fait à prendre en considération (cf le graphique de cours du Cac 40) : quelque chose a changé. Ce qui a trait éventuellement à la technique elle-même, puisque cette crise boursière est la première depuis que les gestions dites « systématiques » à base d’algorithmes utilisent de l’intelligence artificielle, dont il reste encore à comprendre les limites, la première depuis que les fonds indiciels, les ETF, qui ne peuvent que suivre les marchés, ont pris une place importante parmi les gestions Actions et la première aussi depuis que les ratios réglementaires interdisent de facto à la fois aux banques (Bâle 3), et aux compagnies d’assurances (Solvabilité II) d’intervenir de façon opportuniste sur les marchés, ce qui est bien dommage.
Car des interventions opportunistes semblent de fait tentantes (tant mieux pour l’investisseur individuel, et tant pis pour les banquiers et les assureurs) dans une telle configuration de marché : la valorisation des actions a beaucoup baissé puisque le PER moyen du Cac 40, le rapport cours/prévisions de bénéfices des sociétés de l’indice parisien, est passé de environ 14x fin février à environ 10x aujourd’hui, ce qui fait un marché vraisemblablement abordable, partant du principe qu’il était à peu près bien valorisé à 14x, et ce même si les prévisions seront inévitablement revues en baisse.
On doit donc pouvoir trouver en ce moment, en cherchant un peu, des titres de qualité manifestement sous-valorisés. Avec les réserves d’usage suivantes, cependant :
- personne ne peut dire où va la Bourse, et le marché baissier n’est peut-être pas terminé, puisque le problème est encore loin d’être réglé : ce qu’on achète aujourd’hui peut encore perdre significativement demain, et il faut être prêt à tenir un certain temps des positions difficiles, et avoir tort un certain temps aussi.
- d’autant que le court-terme s’annonce compliqué pour nombre d’entreprises, qui publieront donc des résultats vraisemblablement mauvais ces prochains trimestres. Auxquels il ne faudra pas prêter trop d’attention, même si la réaction du marché est négative, et si c’est le sujet du jour pour les analystes et les médias boursiers.
- bien regarder la qualité de l’affaire : ses marges (bonne en valeur absolue, et bonne pour le métier ?) et sa solidité financière, c’est-à-dire un levier d’endettement financier net/Fonds Propres (le ratio qui doit intéresser le plus l’actionnaire ou le candidat actionnaire) faible ou raisonnable, et des liquidités en caisse et une situation de trésorerie nette confortable (assez pour tenir un gros choc ?), qui s’imposent par les temps qui courent. Le plus important étant le potentiel de développement à long-terme, qui est paradoxalement bien plus facile à appréhender avec un peu d’imagination que ce qui peut arriver ces prochains trimestres.
- et enfin ne rien acheter sans être sûr qu’on achète avec une bonne décote. Toute la question étant de savoir par rapport à quoi : une valorisation moyenne du secteur, un actif net comptable (les Fonds Propres au bilan), un modèle de valorisation à long-terme, etc. ?
Pour la réponse à cette grande question, puisque c’est celle de la « valeur intrinsèque », demandez à Warren Buffett. L’homme qui dit souvent qu’il faut être « brave quand tout le monde a peur » : il peut en parler.
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