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Episode 1 - A quoi donc servent les Banques Centrales?

Par Jérôme LIEURY

12/05/2020

On parle souvent des Banques Centrales dans les médias : la Fed, la BCE, la BoE, la BoJ, la BPoC...

La « Fed » ou « FED » alias la Réserve Fédérale Américaine, et la « BCE », alias la Banque Centrale Européenne, la Banque d’Angleterre, alias Bank of England, la Banque du Japon, alias 日本銀行 ou Nippon ginkô, la Banque Populaire de Chine, alias la PBC, etc… sont des entités un peu mystérieuses, pas vraiment de grandes institutions internationales comme l’ONU, le FMI, l’OCDE, la Banque Mondiale, l’OIT, ou encore l’UIT, et pas vraiment des gouvernements avec leurs ministères de l’économie et/ou leurs directions du Trésor, et pas vraiment non plus des banques normales comme notre Bred, et les autres SG, BNP-Paribas, Crédit Agricole, etc…

Mais quand leurs patrons, en l’occurrence M. Powell pour la Fed américaine, ou Mme Lagarde pour notre BCE, font des déclarations publiques, tout le monde ou presque se tait pour les écouter. C’est un fait.

Et pour cause : les Banques Centrales fabriquent la monnaie, règnent sur les autres banques, font la politique monétaire, influencent les marchés financiers, bricolent les taux d’intérêts, financent les déficits publics, et gardent au chaud l’or de la Nation, pour faire court.

1 – Les Banques Centrales fabriquent la monnaie et chapeautent le système bancaire, ce qui revient à peu près au même, et n’est pas rien :

  • Une Banque Centrale est d’abord un « institut d’émission », qui a le monopole de la fabrication des billets de banques que l’on tire des distributeurs et que l’on range soigneusement dans nos portefeuilles. Mais, aussi fascinants soient-ils, ces billets sont en fait très anecdotiques eu égard à l’ensemble de la monnaie en circulation, qui est principalement de la monnaie dite « scripturale », autrement dit inscrite dans un compte en banque, notamment celui que tout un chacun utilise pour encaisser sa paie, et payer ses factures.

L’ensemble de la monnaie en circulation, la « masse monétaire » est de fait la somme de l’argent inscrit en comptes dans les banques commerciales, lesquelles font partie d’un système bancaire d’un pays : il n’y a pas d’économie développée sans monnaie, et sans système bancaire, c’est un fait aussi. Entre autres parce que ce sont les banques elles-mêmes qui créent l’essentiel de cette masse monétaire puisque le système bancaire dans son ensemble agit comme un multiplicateur du crédit : tout en restant disponibles pour les clients (pour peu qu’ils ne veuillent pas tous reprendre leur argent en même temps), les dépôts dans une banque servent à faire des prêts, et les prêts accordés font de nouveaux dépôts, qui servent à faire des nouveaux prêts, et ainsi de suite.

Contrôler la création monétaire est un enjeu important pour une économie donnée, ce qui justifie que tout système bancaire soit chapeauté par une Banque Centrale. Même en Europe, où tout est un peu compliqué et où chaque pays a encore son propre système bancaire avec sa propre Banque Centrale nationale, comme la Banque de France en France, et où on a donc créé l’Eurosystème pour les coordonner, et où la vraie banque centrale est la BCE à l’autorité de laquelle toutes les banques de la Zone Euro sont soumises.

De fait, comme toute Banque Centrale, la BCE surveille les banques commerciales : elle contrôle leurs comptes et s’assure de leur solidité financière, afin de prévenir toute faillite bancaire, phénomène qui fait toujours très mauvaise impression. D’autant qu’il est accompagné le plus souvent d’une panique bancaire quand les clients inquiets viennent retirer leurs dépôts en catastrophe.

  • Comme toute Banque Centrale aussi, la BCE est avant tout la banque des banques opérant en Europe, lesquelles ont donc toutes des comptes à la BCE. Et c’est avec ces comptes que ces banques se font entre elles un marché interbancaire, où elles se prêtent et s’empruntent de l’argent, au jour le jour ou sur une semaine, pour équilibrer leurs bilans.

Marché sur lequel la BCE intervient aussi pour le réguler avec ce qui s’appelle des opérations d’open market à court terme : a) en « servant » des liquidités : en prêtant de la « monnaie Banque Centrale » qu’elle fabrique avec une simple écriture comptable, à un guichet ouvert en permanence ou presque auquel les banques viennent se refinancer, et, b) en retirant aussi des liquidités : en prêtant moins qu’on ne lui rembourse, et c) en prenant enfin des liquidités en dépôts rémunérés. Notamment celles des réserves obligatoires que toute banque doit laisser sur son compte BCE, et dont le montant est actuellement de 1% de ses encours de prêts.

  • En dehors du marché interbancaire, la BCE est aussi le prêteur en dernier ressort du système, notamment pour soutenir une banque qui a des difficultés ponctuelles de trésorerie, parce que les autres banques ne veulent plus lui prêter au jour le jour, ou parce que les clients retirent leurs dépôts. Elle fournira, si elle le veut bien, des liquidités en urgence sous forme de prêt à court-terme en prenant des titres en garantie, le plus souvent des obligations détenues par la banque emprunteuse, en prêtant moins que la valeur de ces titres, et en faisant payer un taux d’intérêt plus élevé que les taux moyens du marché. Dans cette optique, elle a aussi mis en place fin 2011 et début 2012 des refinancements à moyen-terme, les LTRO (pour Long Term Refinancing Operation) sur 3 ans, puis des TLTRO plus longs encore, des prêts à des taux d’intérêts très faibles : pour soutenir les banques de la zone euro (certaines en ayant bien besoin à l’époque) et leur capacité à prêter.

La suite au prochain numéro, où l’on verra que les Banques Centrales servent la politique monétaire, et tout ce qui s’ensuit pour les marchés financiers.

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