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Pourquoi le cours du baril de pétrole s’est-il effondré ?

Par Sébastien MEOT

31/03/2020

L'actualité de l'économie et de la finance !

Si le flux de nouvelles est humainement et économiquement très négatif depuis plusieurs semaines, il en est une qui peut prêter à un certain optimisme ; le prix du carburant est en baisse !

Le 9 mars à l’ouverture des marchés financiers, le cours du baril de pétrole s’est effondré, allant jusqu’à perdre plus de 30% en séance, et insufflant un véritable vent de panique sur l’ensemble des marchés financiers de la planète.

Le 6 mars, le cartel mondial des pays producteurs de pétrole – l’OPEP – et la Russie n’étaient pas parvenus à trouver un accord pour réduire les volumes de production.

Depuis que la technologie a permis l’exploitation du pétrole de schiste – ce pétrole étroitement mêlé aux couches rocheuses affleurantes de l’écorce terrestre, les Etats-Unis sont passés en l’espace de quelques années d’une situation d’importateur net à celle d’exportateur net. S’appuyant sur les réserves considérables du bassin permien, la 1ère puissance économique mondiale est parvenue à également devenir le 1er pays producteur de pétrole, inondant le marché de ses barils et cassant les prix. Les Etats-Unis ont ainsi repris la tête en parts de marchés en 2019, devant la Russie et l’Arabie Saoudite. Cette exploitation est essentiellement assurée par de petits producteurs locaux, s’étant très endettés afin de s’offrir l’équipement nécessaire. Il est estimé que le point mort de rentabilité des producteurs américains se trouve autour de [$48 – $54].

L’OPEP – Arabie Saoudite en tête – a besoin d’un cours du baril supérieur à $60 pour assurer l’équilibre budgétaire des Etats, très dépendants du cours du baril de pétrole et ayant pris du retard dans leurs stratégies de diversification économique. La Russie, quant à elle, revendique un point mort à $30, son équilibre budgétaire étant moins dépendant de la production de pétrole que les pays de l’OPEP et alors que ses réserves de change lui permettent de survivre à court terme à un cours du baril bas.

Alors que depuis 2017, l’OPEP et la Russie s’entendaient afin de réduire leurs volumes de production et ainsi maintenir le cours du baril à un niveau décent pour tous les Etats, la Russie a finalement claqué la porte de l’entente ce 6 mars. En cause, le sentiment sans doute fort du Kremlin de subventionner indirectement la production de pétrole de schiste américain en maintenant un cours du baril de pétrole supérieur au point mort des producteurs. Et alors que Washington DC avait décidé de sanctionner la construction du gazoduc Nord Stream 2 – reliant la Russie à l’Europe pour exporter du gaz naturel. Moscou a ainsi affiché sa volonté de faire participer les Etats-Unis à l’effort de réduction des volumes en mettant en souffrance les producteurs de schiste du bassin permien.

La réponse de l’Arabie Saoudite a été cinglante ; sabrant ses propres prévisions, l’Etat saoudien a augmenté sa production – puisant même dans ses réserves considérables pour afficher un volume journalier supérieur à celui de la Russie. Aramco, la compagnie étatique a aussi abaissé son prix. Dans la foulée, les autres pays membres de l’OPEP, puis la Russie ont également augmenté leurs productions. De l’œil de Riyad, si le cours du baril ne peut permettre de maintenir ses finances à l’équilibre, il est vital de regagner des parts de marché afin que le volume compense l’effet prix. Et ce alors que les effets du COVID-19 et notamment l’arrêt de l’économie chinoise pendant deux mois devraient faire décroître la demande de pétrole pour la 4ème fois seulement en 40 ans. Du point de vue de Moscou, la situation est « inconfortable » mais « soutenable » en termes de finances publiques.

Ce contre-choc pétrolier devrait mettre à mal les producteurs de pétrole de schiste américains, largement endettés sur les marchés financiers dans le segment à haut rendement, qui devront faire face à leurs échéances de dettes. Mais du point de vue du consommateur dans les pays importateurs de pétrole – en Europe par exemple, l’effet devrait être bénéfique puisque le prix du carburant à la pompe devrait baisser. Le pouvoir d’achat des ménages devrait s’en trouver renforcer et soutenir ainsi la consommation qui pourrait éventuellement permettre aux économies arrêtées par les mesures de confinement de mieux résister à la récession qui s’annonce. Grosse composante de l’inflation, la baisse du cours du baril de pétrole libère également temporairement les Banques Centrales de la menace d’une hausse incontrôlée de l’inflation, leur libérant des marges de manœuvre pour mener des politiques monétaires très accommodantes, permettant de soutenir les économies fragilisées.

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