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Les sociétés qui parviennent à verser un dividende et les perspectives en termes de rendement

Par Renaud RAMETTE

22/04/2020

La dégradation très rapide de la conjoncture [...] engendre un risque élevé sur le versement des dividendes à venir.

La dégradation très rapide de la conjoncture va contraindre les sociétés à préserver leurs ‘cash-flow’. D’autre part, le gouvernement incite à une certaine forme de modération, voire renonciation à rémunérer les actionnaires cette année. Ainsi, ces deux phénomènes couplés engendrent un risque élevé sur le versement des dividendes à venir. Mais si de nombreuses sociétés – notamment celles ayant l’Etat à leur capital – ont d’ores et déjà annulé leur coupon, d’autres seront en mesure d’en proposer en Assemblée Générale, souvent en baisse de 20 à 50% par rapport au montant initialement envisagé. Malgré les circonstances actuelles exceptionnelles qui imposent aux sociétés d’effectuer des choix drastiques (abandon de ‘guidances’ annuelles en termes d’activité et de résultats, économies de coûts, révision en baisse des ‘capex’), certains groupes parviennent à préserver les intérêts de l’ensemble de leurs parties prenantes – ‘stakeholders’ -, dont les ‘stockholders’. Ces sociétés préfèrent sûrement conserver si elles le peuvent un degré de liberté supplémentaire en ne sollicitant pas l’aide de l’Etat (prêts, reports de charges…) et envoyer concomitamment un signal fort au marché concernant leur solidité financière. Citons à titre d’exemple, des rendements offerts entre 1% et 7% même après amputation : Air Liquide dont le dividende est entièrement maintenu, Edenred (baisse de 20.5% par rapport au montant prévu), Hermès (acompte de 1.5€ versé début mars), Imérys (baisse de 20%, avec option de paiement en actions), Legrand (montant réduit à hauteur de celui de 2019), Michelin (coupon de 3.85€ annoncé initialement), Publicis (dividende réduit de 50%, versé en septembre), Suez (réduction d’un tiers) ou encore Véolia (coupon diminué de moitié).

A l’inverse des valeurs qui résistent, notons au niveau sectoriel les titres traditionnellement ‘à rendement’ qui nous semblent plus impactés et dont ‘l‘equity story’ s’avère plus incertaine : les banques pour lesquelles il existe une incertitude quant à la solvabilité du tissu PME-ETI à rembourser leurs prêts non garantis par la BPI ; les foncières notamment centrées sur l’immobilier commercial (Unibail, Klépierre) seront pénalisées par la baisse de fréquentation et le risque de l’annulation d’une partie des loyers ; et pétrolières intégrées très affectées par la chute de la demande et la guerre entre la Russie et l’Arabie Saoudite. Les données sont plus rassurantes pour le secteur de l’assurance dont au niveau européen, 23% des dividendes 2019 ont déjà été payés et 38% ont été confirmés.

Au sein de l’EuroStoxx (indice de 300 valeurs de la zone euro) on note une révision en moyenne des bénéfices par action pour 2020 de -18.5% sur un mois et -21% sur les 3 derniers. Pour les bénéfices de 2021, les révisions s’affichent désormais à -10.7% sur un mois et -13.1% sur 3 mois. Qu’en est-il au niveau des dividendes ? Le consensus ne s’est pas ajusté dans une proportion équivalente pour deux raisons. D’une part la volatilité des dividendes est structurellement inférieure à celle des bénéfices. D’autre part, en cas de ralentissement/récession, les analystes procèdent préalablement à une révision des bénéfices puis s’attachent à mesurer l’impact plus dilué au niveau des dividendes. Quoiqu’il en soit, il est probable que l’ajustement du consensus concernant ces derniers soit loin d’être terminé. A ce jour, la révision en moyenne des analystes pour les dividendes 2020 n’est ‘que’ de -11% sur 1 mois et 3 mois et pour 2021, celle-ci s’établit à -7.1% sur un mois et -7.6% sur 3 mois. Globalement sur un mois, le rendement de l’EuroStoxx est déjà passé de 4.9% à 3.8% (via le double effet de rebond des marchés de +14% et de révision baissière de -11% des dividendes).

Pour conclure, tentons un peu de prospective dans l’établissement de scénarios de marché. Il est probable que les dividendes soient globalement révisés plus sévèrement qu’aujourd’hui. Si l’on admet une révision relativement ‘agressive’ de 30%, le rendement du dividende de marché sur les niveaux actuels serait plutôt proche de 3%. D’autre part, si nous faisons l’hypothèse d’une sortie de crise à moyen terme avec ne serait-ce qu’un rebond de 25%, le rendement se ‘tasserait’ encore à 2.5% environ. Sur ces niveaux, compte tenu du risque, certains investisseurs pourraient se poser la question de l’arbitrage entre actions vs obligations. Dans ce type de raisonnement, il convient de ne pas oublier que le ‘rendement’ obligataire est en quelque sorte ‘figé’ par la stabilité du coupon. Alors que ne pas investir dans les marchés actions, au titre qu’il ne ‘rapporte’ pas assez en termes de rendement, consiste très probablement à se priver d’un accroissement de la capacité bénéficiaire future et d’un retour à meilleur fortune de versement de dividendes qui pourront augmenter à nouveau et retrouver leurs niveaux précédents.

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