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Episode 2 - A quoi donc servent les Banques Centrales ?

Par Jérôme LIEURY

13/05/2020

Les Banques Centrales servent aussi la politique monétaire, et tout ce qui s'ensuit pour les marchés financiers.

Rappel de l’épisode précédent : les Banques Centrales fabriquent la monnaie et garantissent le bon fonctionnement du système bancaire.

2 – Une Banque Centrale est nécessairement au centre de la politique monétaire :

  • Les refinancements à court-terme accordés par la BCE aux banques commerciales (cf le chapitre précédent) se font à des taux d’intérêts fixés à l’avance, sur la base d’un taux d’intervention révisé de temps à autre selon les besoins du moment, tout comme le taux de réserves obligatoires peut aussi être modifié de temps à autre, selon les besoins du moment aussi.

Ce faisant, la BCE manie les deux grands instruments de la politique monétaire : i) son taux d’intervention, le « taux directeur », fixe le prix minimum pour l’argent, puisque c’est l’argent des prêts les plus courts, à 24 heures, et sert donc de référence pour les prêts plus longs des banques auprès de leurs clients, et ii) les réserves obligatoires limitent les volumes de production de prêts des banques, et donc la création de monnaie par le système bancaire.

La politique monétaire se résume avant tout à bien gérer la monnaie pour que l’économie fonctionne au mieux : quand des taux d’intérêts élevés, de l’argent cher, pèsent éventuellement sur la conjoncture générale, les entreprises hésitant à emprunter pour investir dans la croissance, et les ménages hésitant à s’endetter pour, par exemple, se loger dans de l’immobilier neuf, la Banque Centrale peut alors éventuellement baisser son taux d’intervention pour faire ensuite baisser les taux bancaires et redynamiser ainsi l’économie. Inversement de l’argent trop bon marché peut inciter à trop investir dans des projets peu viables, et soutenir une croissance économique trop rapide, et amener in fine une conjoncture en surchauffe, ce qui obligera la Banque Centrale à remonter ses taux d’intérêts, et ainsi de suite.

  • Ce « réglage conjoncturel » permanent se fait en collaboration plus ou moins étroite avec les gouvernements des pays concernés, qui sont en charge de la gestion de leurs économies. Collaboration plus ou moins étroite parce que, c’est un fait important à noter, aux USA comme dans l’Union Européenne, les Banques Centrales sont en principe indépendantes du pouvoir politique. Ceci depuis les grandes réformes néo-libérales des années 1990, avec les « dérégulations » qui ont vu aussi la libéralisation de grands marchés nationaux comme les télécoms et l’énergie, et les privatisations de grands acteurs des services publics contrôlés jusqu’alors par les Etats.

Les Etats ont aussi assigné une mission sacrée aux Banques Centrales en contrepartie de cette indépendance : maintenir la stabilité des prix et sauvegarder la valeur de la monnaie. Soit, en d’autres termes, tenir l’hydre inflationniste à distance, avec un objectif clair et gravé dans le marbre : contenir la hausse des prix à +2% par an. Rappelons que l’inflation avait fait de sérieux dégâts en Europe pendant une dizaine d’année à partir de 1973, l’année du grand choc pétrolier, avec par exemple en France des hausses de prix de détail (le panier de la ménagère Insee) comprises entre +9% et +13% par an sur la période. En générant, faut-il le rappeler aussi ? de grands désordres dans les parités de change entre le franc français, le deutsche mark, la lire italienne etc… et donc des complications infinies. Lesquelles ont disparu avec la création de l’euro début 1999 (monnaie qui n’a peut-être pas que des défauts, finalement) précédée de la création de la BCE en juin 1998.

On peut remarquer que cet objectif de +2% d’inflation par an semble avoir été tenu plutôt facilement ces vingt dernières années, puisqu’il n’y a plus jamais eu de dérapages, avec éventuellement plus de pressions déflationnistes qu’inflationnistes dans nos économies occidentales et alors qu’une inflation de 2% par an est zéro inflation en fait (c’est tout le problème).

3 – Un nouveau métier : pompier des marchés financiers

  • On peut remarquer aussi que l’indépendance accordée aux Banques Centrales a eu un effet un peu pervers : celles-ci sont devenues les divinités tutélaires des marchés financiers, non seulement les marchés obligataires, qui sont censés déterminer les taux d’intérêts à long-terme, mais aussi les marchés d’actions. Puisque la politique monétaire a pour but de soutenir in fine l’économie et l’emploi, et soutient en conséquence les résultats des entreprises, lesquels sont un moteur important, voire le principal, des cours de Bourse.

D’autant qu’une Banque Centrale peut injecter autant de liquidités sur le marché monétaire qu’elle veut à tout moment, et abaisser aussi son taux directeur, pour redonner du confort au système bancaire quand il est stressé, ou supposé tel, par des marchés mal orientés, ce qui le plus souvent redonne aussi le moral aux investisseurs.

  • Ce n’est donc pas pour rien que les dits investisseurs, les analystes, les stratégistes, les économistes de marché, etc… sont à l’écoute de ce que disent les patrons de Banques Centrales, quitte à se livrer à des exégèses quand leurs discours deviennent par trop cryptiques, ce qui est souvent le cas, puisque la principale force d’une Banque Centrale est d’être imprévisible.

Et ce n’est pas pour rien aussi qu’une intervention d’une ou plusieurs Banques Centrales est souvent attendue pour rétablir des situations compromises, quitte à sauver des spéculateurs qui ne le méritent pas : ce qu’on a fini par appeler le « Greenspan put », du nom d’un célébrissime patron de la Fed, qui a, il est vrai, bien aidé en son temps à coup de baisses des taux franches et répétées des marchés devenus victimes de leur propre « exubérance irrationnelle ».

La suite au prochain numéro, où l’on verra que les Banques Centrales interviennent aussi sur tous les marchés de titres de dettes, avec des implications fortes sur les taux d’intérêts, et sur le financement des déficits, les déficits publics surtout.

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